Femmes
Assemblée générale du 15 avril 2009
Être patron en France septentrionale au XIXe siècle
Conférence de Jean-Marie WISCART Maître de conférences H.D.R. en Histoire contemporaine Université de Picardie-Jules Verne
Voici, surtout dans le contexte actuel, un titre et un sujet quelque peu épineux. Mais les amateurs de « parachutes dorés », de « bonus » exorbitants, de « retraites-chapeau » ont-ils la même envergure que Marc Séguin au XIXe siècle, et Marcel Dassault ou Antoine Riboud au XXe siècle ? Il nous faut chercher à comprendre. La devise de Roubaix est : « ProbitasIndustria ». Probitas est placé en premier. Il y a un siècle, deux grands lainiers s’adressent ainsi à leurs fils, appelés à prendre la relève : « Choisissez ! Industriel ou financier, on ne peut être l’un et l’autre ». Et : « N’oubliez jamais que vous êtes une élite ». L’étymologie, elle aussi, est souvent révélatrice : patron a la même racine que « pater » (père, en latin) et « pattern » (le modèle, dans tous les sens du terme). Il est intéressant d’observer ces patrons du XIXe siècle, eux aussi des hommes de chair et de sang, d’essayer de comprendre leur action et leur mentalité, même si certains aspects nous étonnent, de tenter de repérer les valeurs collectives par-delà la diversité des choix individuels. De préciser s’il existe des points communs et des différences entre les patrons du Nord et du Pas-de-Calais, et ceux des trois départements picards, voir s’ils présentent une spécificité par rapport à ceux d’autres territoires industriels tels que l’Alsace ou Lyon.
Être ou devenir patron ou, plutôt, entrepreneur Questions de vocabulaire
Le terme de « patron » est très peu employé au XIXe siècle. On parle alors de fabricants, d’entrepreneurs, de manufacturiers. Le mot de patronat, qui désigne un groupe organisé et conscient collectivement de ses intérêts, n’apparaît qu’avec la deuxième industrialisation, dans les dernières années du XIXe siècle. Mais, rétrospectivement,