Fiche de lecture : la femme de gilles
Elisa est folle amoureuse de son mari, Gilles. Et pourtant elle découvre qu’il la trompe avec Victorine, sa sœur. Pour ne pas perdre Gilles, elle devient la complice de cet amour en le conseillant. Lorsqu’elle se rend compte que plus rien ne sera jamais pareil, elle décide de se jeter de la fenêtre.
Bourdouxhe nous raconte la banale histoire d’une femme trompée, un tragique quotidien.
Soudain Gilles eut un accès de colère. En repoussant brutalement une chaise du pied, il cria : * Elle est à moi… je veux qu’elle soit à moi… Elle m’appartient nom de Dieu, elle l’a dit au début…
Elisa se rapprocha de lui, attira ce grand corps contre elle : * Du calme, mon petit, du calme…
Le vocabulaire est simple, les phrases sont brèves, une écriture descriptive et modeste qui correspond au milieu évoqué et à l’histoire, ordinaire. L’amour décrit simplement est celui vécu par Elisa, immédiat, direct, pas intellectualisé.
La collaboration d’Elisa avec Gilles m’a particulièrement agacée. Elisa ne vit que par Gilles et pour Gilles. Et pour le garder elle fait n’importe quoi. Lui, égoïste, immature, goujat, est inconscient du mal qu’il lui fait. La journée à la campagne est très révélatrice. Elisa vit quelques heures de bonheur mais Gilles rompt le charme au retour en demandant qu’on passe chez les beaux-parents pour y croiser Victorine, à qui il offre les plus belles fleurs du bouquet cueilli. La fin est profondément triste : après tous ces efforts, elle renonce en abandonnant ses enfants. A remarquer : cette décision lui permet enfin d’exister par elle-même. Elle n’est plus « la femme de Gilles » mais c’est Gilles « l’homme d’Elisa ».
Ce roman est inclassable. Malgré sa publication en 1937, il est resté longtemps dans l’ombre. L’écrivaine met en scène une femme et montre la réalité de sa vie mais ne dénonce rien. Ce roman n’est donc pas féministe. Le récit est situé dan un décor ouvrier mais ne prend pas