Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Les Ghettos du Gotha comment la bourgeoisie défend ses espaces, Seuil, 2007 Synthèse de l’ouvrage : Cet ouvrage se présente sous la forme de huit parties dans lesquels les auteurs étudient les modalités de défenses des espaces par la bourgeoisie. L’appellation de Gotha tire son origine de l’Almanach de Gotha, un annuaire généalogique des maisons souveraines qui fut édité de 1763 à 1944. Ce terme désigne aujourd’hui la haute société à laquelle s’intéressent les deux auteurs. Des militants peu ordinaires Dans leur introduction à l’ouvrage les auteurs soulignent que le militantisme de la haute bourgeoisie remonte au XIX ème siècle et qu’il «est peu explorée par la recherche en sciences sociales » (p 12) puisque c’est un véritable « militantisme de coulisses » difficile à appréhender. Cette haute société se regroupe dans des cercles qui sont des lieux de concentration de pouvoir. Par ailleurs ce « militantisme renforce l’entre-soi et l’esprit de classe des grandes familles » (p 17) et a pour objectif de défendre les différentes formes de capital que cumulent la bourgeoisie. Chapitre 1 : Espaces du pouvoir et recherche de l’entre-soi 1/ Un espace à sa mesure La haute société se concentre à Paris dans les 7 ème, 8ème, 16ème et 17ème arrondissements ainsi qu’à Neuilly-sur-Seine que les auteurs qualifient d’ « archétype de la banlieue chic » (p21). Les appartements bourgeois sont un véritable « lieu d’exposition du capital culturel » (p 23) de ces familles puisqu’ils leurs permettent de monter leur bon goût. Cette ségrégation urbaine est plus exactement une agrégation des semblables. Pour mesurer ce phénomène, Pinçon et Pinçon-Charlot utilisent les annuaires des grands cercles parisiens et remarquent que quatre arrondissements et Neuilly abritent 77% des membres du Cercle du Bois de Boulogne par conséquent ils expriment une véritable volonté de vivre ensemble. Ces espaces sont contrôlés, on n’y trouve pas de populations pauvres par