Finance islamique en france
LA FINANCE ISLAMIQUE :
UNE RÉCENTE HISTOIRE AVEC LA FRANCE, UNE LONGUE HISTOIRE AVEC SES BANQUES
D
epuis la fin de l’année 2007, on a commencé à se pencher sérieusement en France sur les possibilités d’attirer les investisseurs des pays du Golfe sur la place de Paris. En fait, depuis la visite du président français en Arabie Saoudite en janvier 2008, la question de la position de la France sur la finance islamique est devenue omniprésente. Selon l’agence Moody’s, ce secteur affiche, depuis 2003, un taux de croissance annuel de 15 %. La plus grande partie de ces capitaux est répartie entre les pays du Golfe (60 %) et l’Asie du Sud-Est (20 %). Cette zone est caractérisée par une forte abondance de liquidités avec un montant d’épargne disponible estimé à 5 000 Md$ (Soustras, 2008). Cette croissance est soutenue par l’augmentation incessante du prix du pétrole et par l’afflux continuel des pétrodollars dans cette région du monde. L’accumulation des liquidités s’est également accélérée ces derniers mois. Les banques des pays du Golfe ont l’habitude de placer leurs capitaux auprès de banques anglo-saxonnes. Compte tenu du contexte actuel, elles les ont rapatriés et privilégient désormais les placements auprès d’établissements plus sûrs, c’est-à-dire les banques gouvernementales. En outre, après les dommages engendrés par la crise financière récente, les banques islamiques, contrairement à leurs homologues conventionnelles, ont montré une certaine stabilité et une résistante
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* Professeur de finance, Reims Management School.
REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE
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vigoureuse (Moody’s Investors Services, 2008a). Cela s’est expliqué par leur faible exposition au risque que pourraient engendrer les crédits toxiques (Bouslama, 2008). En effet, la charia (la loi islamique) interdit la spéculation (gharar) et l’intérêt (riba). Ainsi, les établissements