financiarisation de l'economie
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David THESMAR , Mathias THOENIG
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Depuis quelques années, les profits spectaculaires engendrés par les entreprises du CAC40, leur expansion rapide à l’étranger et leur propension à restructurer en France, ont ressuscité le débat public sur la financiarisation excessive de l’économie. Pour certains commentateurs et économistes, le développement, la sophistication et l’internationalisation de la sphère financière se fait au détriment de la partie « réelle » de notre économie, et en particulier les salariés. Il y a deux façons de formuler ce débat sur le nouveau conflit du capital et du travail.
1. Deux approches du conflit capital-travail
Première formulation, la plus répandue : la financiarisation de l’économie déforme le partage de la valeur ajoutée entre le capital et travail, en faveur du capital. Le nouveau capitalisme financier donne davantage aux investisseurs la possibilité de « sortir » du capital des entreprises dans lesquelles ils investissent. A chaque instant, les investisseurs peuvent arbitrer, à peu de frais, entre continuer d’investir dans la même entreprise ou redéployer leurs capitaux dans une firme, qui peut se trouver dans un autre pays. Dotés d’une meilleure « option de sortie », les investisseurs peuvent exiger une plus grosse part du gâteau : les salaires stagnent et les dividendes montent.
En passant, il faut remarquer qu’il s’agit ici d’un raisonnement qui, du point de vue purement théorique, peut être invalidé par les mécanismes d‘équilibre et de concurrence. Premier mécanisme stabilisateur : l’investissement. S’il est si rentable d’investir, l’offre de capital va augmenter. De nouvelles entreprises vont se créer, et embaucher. L’accroissement de investissement va venir faire pression sur la demande de travail et accroître les salaires et le levier de négociation des travailleurs.
La part des salaires dans la valeur ajoutée