Finkielkraut
. Cette distance fait de lui un exégète audacieux et agacé de la contemporanéité. Contre l’esprit du temps incarné par les caprices de l’immédiateté, du divertissement contraint, ou du diktat d’une socialisation à outrance, inhérent au progrès des communications, le philosophe croit à la persistante d’une complicité authentiquement littéraire. A ses yeux, le roman n’est pas réduit à la production de fictions, mais s’impose par l’inépuisabilité de ses discours sur le monde.
Ainsi, ‘Un coeur intelligent’, véritable bibliothèque idéale non exhaustive du philosophe, interprète-t-il le réel à travers ‘Le Festin de Babette’ de Karen Blixen, ‘Tout passe’ de Vassili Grossman ou encore ‘Lord Jim’ de Conrad. Autant d’oeuvres porteuses de vérités essentielles capables de suppléer la faculté de juger.Pour exemple, la ‘Plaisanterie’ de Kundera permettant de distinguer le rire “grégaire” des actuels amuseurs de celui, émancipateur, de l’humour. Ainsi, la narration n’est plus retranchée dans l’espace restreint de l’imaginaire ou d’un art suffisant mais s’empare avec originalité d’une disposition de l’entendement : le concept. L’émotion n’est plus réservée au désir d’affects mais interroge, par la complexité de son langage et la multitude de ses perspectives, la vérité dissimulée des choses humaines. La forme sied évidemment aux exigences paradigmatiques du contenu. L’écriture de Finkielkraut s’en inspire même. L’idée, embaumée d’oxymores et tournures lexicales évocateurs, gagne tout au long de ces croustillantes digressions en justesse et en précision. Une alternative efficace à l’essai, trop prompt à dispenser jugements péremptoires ou catégoriques prémonitions. Un livre bénéfique à la littérature, envoûtant pour le lecteur. Savoureux.
Il faut parfois à la