Flaubert éducation sentimentale
De "Le 15 septembre 1840" à "par la route la plus longue."
Introduction
Cette première page du roman L'éducation sentimentale de Flaubert présente l’image romantique d’un bateau en partance. Mais le voyage n’est ici que le retour de Frédéric dans sa ville natale, Nogent-sur-Seine. Portrait d’un jeune homme romantique, cette page est aussi teintée par l’ironie du narrateur.
Analyse linéaire
L’effervescence du départ (« Le 15 septembre » à « sans discontinuer »)
« Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard »
- Point de vue adopté égal à celui d’un roman de Balzac, point de vue omniscient : indications précises de date et de lieu.
- Le temps est doublement précisé : jour et heure.
- Pour les lecteurs des années 1869, l’histoire que rapporte le roman est récente => normes du réalisme
- Paris est évoqué de façon métonymique par le quai Saint-Bernard
=> Cadre spatio-temporel fermement posé
- Symboliquement, « septembre » annonce le déclin de l’été, mais l’heure matinale, comme plus tard la jeunesse du héros (« dix-huit ans ») suggèrent l’éveil à la vie et annoncent un roman d’apprentissage.
- Fumée que crache le bateau ancre le récit dans le monde moderne des bateaux à vapeur => crée aussi un premier brouillage de la vision.
=> Cette phrase initiale plante donc le décor du livre, l’élan vers un ailleurs
« Des gens arrivaient hors d’haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linge gênaient la circulation ; les matelots ne répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis montaient entre les deux tambours »
- Changement de point de vue, Flaubert décrit maintenant l’effervescence du quai par le regard des voyageurs (réalisme objectif)
- Le narrateur peint l’animation et le désordre du départ par une juxtaposition de propositions, qui met sur le même plan les gens, anonymes, les matelots et les