fonctionnalisme
Que l'on tienne compte, dans l'étude du langage, de sa fonction, c'est là une attitude assez générale; trop générale pour suffire à caractériser un courant de pensée en linguistique. D'une manière ou d'une autre, l'image que l'on se fait d’une langue, les services qu'elle rend à l'homme apparaissent dans toute recherche ayant trait au langage. C'est parler de la fonction du langage que d'affirmer, comme Bloomfield par exemple, qu'il permet à un homme de réagir alors qu'un autre a reçu le stimulus, ou de dire que c'est le langage qui rend possible la division du travail.
Le terme de linguistique fonctionnelle est consacré à désigner une conception des langues et une pratique dans l'étude linguistique, inspirées des mêmes principes généraux. Et c'est à l'exposé de ces principes que nous nous attachons dans cette présentation. Notons tout de suite que l'unanimité n'est pas faite en linguistique fonctionnelle sur toutes les questions, sans pour autant que la fondements théoriques communs se réduisent à néant. C'est —nous semble-t-il — une propriété paradoxale de toute activité scientifique: d'une part, le travail scientifique implique une ascèse; il faut qu'on choisisse le point de vue, qu'on délimite précisément le domaine de l'étude, si l'on veut cerner de près l'objet étudié. D'autre part, la réflexion scientifique ne souffre pas le dogme; le débat reste ouvert, et les acquis peuvent et doivent être sans cesse remis en question.
On pourrait vouloir caractériser la linguistique fonctionnelle par deux thèses fondamentales :
1° La conception instrumentale du langage. Les langues sont considérées comme les outils servant à assurer des fonctions. Dépendant de ces fonctions, la forme de l'outil porte leurs empreintes, obéit à leurs impératifs; les langues sont structurées de façon à être adaptées à leurs fonctions. Dans la mesure où l'on doit admettre la pluralité des fonctions au langage, une hiérarchie est à établir