Football et mondialisation
Après La Terre est ronde comme un ballon de football, publié en 2002, vos collègues vont finir par croire, avec ce nouveau livre (1), que vous appartenez à ces beaufs qui aiment le foot...
Pascal Boniface. Je revendique cela. En 1998, lorsque j'ai proposé mon livre aux éditeurs, j'ai essuyé plusieurs refus. On me disait : « Soit tu fais un livre sur les relations internationales, soit tu écris sur le foot, mais alors il faut évoquer les grands joueurs. » Il ne peut y avoir de réflexion sur le foot. Je m'élève depuis assez longtemps contre ce mépris qu'a une partie du monde intellectuel vis-à-vis du sport. Pour moi, cela revient à mépriser une partie du peuple. Ce que l'on reproche au football est la passion qu'il suscite, mais aussi le fait que cette passion soit populaire. En même temps, je me méfie du caractère à la mode du foot. Des gens qui ne se sont jamais intéressés au sport se sont révélés fans de foot lorsque l'équipe de France a commencé à gagner. Entre les beaufs et les effets de mode, il existe un espace. Je ne suis pas people et je ne méprise pas le côté populaire du foot.
Pourtant, le football n'est-il pas un condensé de violence, de racisme, de nationalisme, de bizness ?
Pascal Boniface. Ce n'est pas le mouchoir qui fabrique les larmes. Il est stupide de nier l'existence de racisme dans les stades. Mais il est encore plus stupide d'affirmer que le foot crée le racisme. Je ne vois pas par quel miracle le sport serait exempt de ce phénomène cancéreux qui atteint toutes nos sociétés. Les discours sur le rapprochement des peuples grâce au foot sont vrais. Mais il est exagéré de prétendre que le foot n'est que pacifique. Si on fait les comptes, je pense que ce sport est plus