Forgeron
Le terme « épique » qualifie à l’origine les grandes épopées antiques. Découlant de cette tradition littéraire, le terme désigne par la suite un texte caractérisé par l’emphase, des procédés de grandissement systématiques, des oppositions binaires (bien/mal, blanc/noir etc), l’accession de la figure humaine au mythe.
1.1 le mouvement du texte : de l’environnement à la figure mythique
Le texte est composé de deux paragraphes : le premier traite plus de la forge, le second du forgeron. Dans le paragraphe 1, la forge est caractérisée par le bruit « ferraille » (1), « vacarme » (2), musique des marteaux (3), ronflements du soufflet (4), puis les onomatopées Toc Toc. Le rythme des phrases seconde cette isotopie sonore : la taille croissante des phrases, l’accumulation de propositions accélèrent le rythme (l5 et suivantes). Dans la dernière phrase, le rythme retombe, la forge s’apaise. Tout ceci contribue à créer l’image d’un lieu bruyant, hors d’atteinte (puisqu’on ne l’envisage qu’à travers ses sons), d’une forge démesurée dont on attend le maître. Le paragraphe 2 introduit la figure du forgeron. L’interjection initiale « Ah ! »marque d’emblée une tonalité emphatique. Dans cette phrase, on note la mise en relief de « le forgeron », d’abord introduit par un pronom, puis mis entre virgules. Le champ lexical développé par la suite insiste sur la force du forgeron « muscles tendus et saillants », « se redressent dans un suprême effort » : il est déjà un homme hors du commun. Puis un jeu de comparaisons lance clairement le processus de mythification : « le héros grandi du travail », « l’enfant infatigable de ce siècle ». Ici, le déterminant LE signale la typification (déjà présente dans LE forgeron). A la fin, le forgeron apparaît quasiment comme une figure de dieu antique : il joue et rie avec ses marteaux dans ses forges, comme Héphaïstos, et peut provoquer le tonnerre, comme Zeus. D’abord à travers l’évocation d’un lieu