Francais
Une vie
Chronologie, préface et archives par Pierre Cogny
Collection "GF"; 274
Copyright: Garnier-Flammarion, 1974
Transcription en braille intégral: Association pour le Bien des Aveugles, Genève novembre 1994
Préface
"Quand parut "Une vie", la critique, cette grande parleuse, qui souvent tente de démolir un chef-d'oeuvre, n'avait pas de mots assez durs pour crier que mon roman n'était pas vrai que les faits n'étaient pas possibles. Eh bien, les faits que j'ai exposés dans ce livre viennent de se passer à Fontainebleau, j'en ai le récit imprimé sur mon bureau."
Ainsi triomphait, d'après François, son valet de chambre (* François, "Souvenirs sur Guy de Maupassant", Plon, 1911) Guy de Maupassant que n'avait pas manqué d'affecter l'accueil réservé à son premier roman, accueil que soulignait sans déplaisir Edmond de Goncourt dans son "Journal de la vie littéraire", à la date du 18 avril 1883: "On parle du livre de Maupassant, très médiocrement soutenu par les boulevardiers qu'il est en train de si fort caresser."
Les contemporains n'avaient vraisemblablement pas mesuré l'importance d'un livre dans lequel ils voyaient seulement la première oeuvre un peu longue d'un écrivain qu'ils appréciaient depuis deux ans comme conteur et personne, à ma connaissance, ne se rendit compte que venait de paraître le roman réaliste type, conçu et écrit dans la ligne même de Flaubert, qui était demeuré de par sa volonté en marge de toutes les "écoles".
Le titre, à lui seul, faisait choc, par sa subtile absence d'imagination et son abstraction. Le jeune romancier refusait jusqu'à la facilité de l'adjectif que Flaubert et Céard s'étaient accordée pour "Un coeur simple" et "Une belle journée", soulignant de la sorte son dessein d'être d'une absolue sobriété et de ne pas faire de littérature. De l'épigraphe "La vérité, l'humble vérité..." aux dernières lignes: "La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon, ni si mauvais qu'on croit", conclusion laissée à une