Mesdames, messieurs. Si nous sommes réunis ici en ce sombre jour, c'est pour procéder à un tout aussi sombre jugement. Messieurs les jurés, aucun d'entre vous, à ce stade du procès j'ose l'espérer ignore les chefs d'accusation retenus contre mon client, monsieur Meursault. En effet, cet homme est accusé d’homicide volontaire. Oui j'ai bien dit cet homme, alors que l'accusation a osé lui retirer son humanité ! Et bien quoi, vous traitez mon client en tant que monstre, en tant que paria, et vous osez l'accuser du meurtre de sa génitrice et d'un parricide au quel il n'est en rien lié ? Selon moi, la seule chose qui devrait être jugée ici serait le culot du représentant de l'accusation ! Alors comme ça vous voudriez faire porter à monsieur Meursault ici présent tout les maux du monde ? Et bien sachez que je ne vous laisserai pas faire. Je n'assisterai pas à ce simulacre de procès ! Je ne supporterai pas un instant de plus de vous entendre déblatérer autant de sottises à propos de la soi-disant insensibilité de monsieur Meursault ! Et bien quoi ? Est il écrit quelque part dans le code pénal, dans la bible, ou tout autre ouvrage faisant lieu de loi à l'humanité qu'un homme dois se répandre en larmes et crier sa peine, hurler sa tristesse, vomir son dégout devant la mort d'un proche ? Nous ne possédons pas tous le même caractère ni les mêmes réactions. Je vous met au défi de trouver une quelconque loi, un quelconque arrêt, n’importe quel texte, parole, écrit, poème, gravure, n’importe quoi qui rende le manque d'extériorisation des sentiments de mon client condamnable ! Si je suis présent ici, ce n'est pas pour faire mon métier. Ce n'est ni à titre professionnel ni pour gagner le moindre argent. Non messieurs. Si je suis ici, à cet instant c'est pour empêcher la condamnation d'un innocent !
Que justice sois faites …