II. Le recours à l’ironie
2.1 L’ironie
L’ironie est un moyen de dire, de faire entendre ou de faire lire autre chose que ce que l’on pense vraiment. Elle domine le début du texte et les trois premiers paragraphes et s'appuie entre autres sur des effets de contraste. Contrastes entre les paragraphes, entre les exemples, dans le lexique...
Φ Par exemple comme : « il se donne le plaisir de l' appliquer à la grande ou la petite torture » il s’agit de comprendre que le magistrat pratique la torture sous toute les formes qu’elles soient (voir code). On constate le contraste, lui même à la fois tragique et ironique, entre la description hyperbolique mais "réaliste" de l'accusé "pâle, hâve, défait...cachot" qui procède par effet d'accumulation et la phrase suivante "Il se donne le plaisir de l'appliquer..." : la précision des détails de procédure et son cynisme, la fausse légèreté du "après quoi on recommence". Et bien sûr l'allusion à la comédie de Racine...
- La syntaxe,( asyndète et juxtapostion) renforce la tonalité ironique ((l5 à8, 11 à 14) par son aspect hâché et rapide. Aussi bien au niveau de la phrase qu'à celui de la composition du texte : les paragraphes s'enchaînent assez brutalement, sans lien logique. Les arguments et exemples sont comme juxtaposés
- on retrouve le même procédé (luxe de détails qui ridiculise l'entreprise des juges) dans le paragraphe sur le chevalier de La barre : détails des soi-disant crimes et détails des supplices infligés. Là aussi : contraste. On note que le "grave" magistrat pratique « des expériences », signifiées par l’euphémisme. C'est-à-dire la torture « sur son prochain » Cela montre bien que voltaire utilise un double langage : celui que l’on lit et celui que l’on comprend. Toute la phrase est ironique : la convocation d'un tel sujet au dîner est en elle-même scandaleuse et traitée ici par l'ironie. (voir 2.3) Ironique aussi la prosopopée finale qui donne la parole à la nation française (l.39 à 41) : la