Le premier constat de Freud est qu’il y a des phénomènes psychiques inexpliqués. En effet, les « données de notre conscience », c'est-à-dire les contenus psychiques dont nous avons conscience, sont « lacunaires », c'est-à-dire qu’ils sont incomplets : il en manque ! Qu’est-ce qui permet de l’affirmer ? L’explication donnée par Freud est simple : il en manque, parce que nous sommes souvent incapables de passer d’une idée consciente à une autre, nous sommes incapables de retrouver l’origine, la cause de nos idées conscientes. Il y a des « trous » dans les données de la conscience, puisque l’on ne parvient pas toujours à trouver l’idée dont provient l’une de nos idées conscientes. Dès lors, il n’y a que deux solutions : soit on abandonne totalement le projet d’une étude scientifique du psychisme, permettant une compréhension rationnelle des phénomènes psychiques articulant des causes et des effets, soit il faut admettre que ces causes échappent à la conscience.
Pour Freud ces actes psychiques qui, « pour être expliqués », exigent d’admettre des idées inconscientes, n’ont rien d’actes étranges, rares, pathologiques. Bien au contraire, c’est l’expérience quotidienne de chacun qui les fait apparaître : ces actes psychiques dont l’apparition reste inexplicable se retrouvent aussi bien « chez l’homme sain que chez le malade ». Quel est le sens de cette précision ? Dans l’optique de Freud, elle est capitale. Car si, comme le veut Aristote, « il ne peut y avoir de science que du général » (les lois scientifiques ne portent pas sur des exceptions, des cas particuliers), alors il faut admettre que, si l’hypothèse de l’inconscient est scientifiquement valide, elle doit être valable en général, chez tous les êtres humains. En d’autres termes, Freud refuse ici l’idée selon laquelle l’existence d’un inconscient influençant la conscience serait valable… pour les fous ! Freud s’oppose donc ici à Alain, selon lequel l’inconscient était un « terme technique pour désigner un genre