Freud
Plagiaire, imposteur, menteur, toxicomane, incestueux, adultère, avide de richesse, voilà Sigmund Freud tel qu’il apparaît dans la psychobiographie que lui consacre le philosophe Michel Onfray. Qu’a donc fait le père de la psychanalyse pour continuer à provoquer de tels débordements – haineux ou amoureux ?
Isabelle Taubes
Sommaire
* Autre temps, mêmes attaques * Une discipline dérangeante * La faute aux psys ? * Un amour déçu * Freud l’imposteur * Freud le génie
« Freud s’inscrit dans le sillage de Nietzsche. Son oeuvre est un monument qui rivalise avec celles de Kant, d’Hegel, de Schelling ou de Fichte », affirme le philosophe Michel Onfray dans son dernier essai, Le Crépuscule d’une idole (Grasset 2010). Son projet semble séduisant : en finir avec un Freud héroïque, ou bon papa à la barbe fleurie, afin de réexaminer son parcours avec sérieux. Mais, très vite, l’entreprise critique se transforme en stand de tir : Sigmund Freud a inventé la psychanalyse pour supporter sa propre névrose ; le complexe d’œdipe ne concerne que le petit garçon qu’il fut obsédé par la nudité de sa mère ; ses relations avec ses filles étaient tout aussi incestueuses ; affabulateur, il n’a jamais observé les cas d’hystérie qui lui ont permis d’asseoir sa conception des névroses, ni guéri personne ; il a élaboré la psychanalyse car il avait envie de gagner de l’argent en soignant les maladies nerveuses ; dictateur, autoritaire, il maltraitait ses élèves et ses confrères…
Autre temps, mêmes attaques
Ces critiques sont sans surprise : Michel Onfray reconnaît lui-même les avoir reprises dans Le Livre noir de la psychanalyse (Les Arènes 2010). Est-ce parce qu’il a dévoilé les mécanismes de notre vie intérieure, de notre intimité, que Freud est attaqué sur le même terrain ? « Les spécialistes de la santé mentale sont traditionnellement suspectés d’être encore plus malades que leurs patients, fait remarquer