Félix Nussbaum
Huile sur contreplaqué,
52.5 x 41.5
1940
Contexte : Félix Nussbaum est interné dans le camp de Saint Cyprien dans le sud de la France, il s'enfuira et rejoindra la Belgique où il se cachera 4 ans avant d’être dénoncé et déporté à Auschwitz où il trouvera la mort en 1944 il avait à peine 40 ans.
Premier plan : Nussbaum nous regarde sévèrement de biais, comme s’il nous reprochait d’être voyeur de cette scène qu’il a peinte. Il est mal habillé avec ses vêtements déchirés et raccommodés et il n’est pas rasé. On dirait qu’il a fait exprès de se mettre de profil pour nous montrer l’arrière plan.
Couleurs : Une dominante terre, marron, tout est terreux et sale.
Arrière plan : A droite, deux hommes qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Leur dignité leur ayant été enlevée. A moitié nus, ils sont sur des latrines improvisées. Ils survivent plus qu’ils ne vivent dans des conditions extrêmes. Les barbelés ferment le décor ; de chaque côté les baraquements des déportés. Le ciel aussi écrase le camp très sombre, ans aucune éclaircie en vue, aucun espoir. Tout écrase le peu de vie qui reste à ces hommes avant la mort, ici il n’y a pas d’espoir
Conclusion : Autoportrait dans le camp (1940) met en évidence les conditions de vie imposées aux prisonniers de Saint-Cyprien par les autorités françaises, l’enfermement (les baraques de bois sur le sable, les lignes de fer barbelé) et la maladie (la dysenterie qui humilie deux hommes à l’arrière-plan). Dans une atmosphère qui n’est pas sans évoquer Jérôme Bosch ou Bruegel, Nussbaum crée ici l’effigie de l’interné, à la chemise tachée et déchirée, à la barbe naissante, au regard impénétrable et indompté. Nussbaum le sait et nous le dit : cet univers c’est la mort, on ne sort pas vivant de cela, c’est l’enfer.