Féminismes et pornographies : libération sexuelle ou contrôle?
Libération sexuelle ou contrôle?
INTRODUCTION
Il faut avoir une opinion sur la pornographie. Du moins, c'est la pression que je ressentais en tant que féministe. Il me semblait que, pour faire de moi une féministe accomplie, je devais me positionner quant à savoir si oui ou non la pornographie permet de libérer la sexualité des femmes ou si au contraire elle la restreint. Je me tournai alors vers les féministes les plus accomplies, celles qui écrivent des livres et parlent parfois à la télévision, question de savoir ce qu'elles en pensaient en vue de les émuler. La tâche était difficile, car le débat sur l’industrie pornographique divise approximativement les féministes en deux camps. Le premier appuie la censure de la pornographie, estimant que celle-ci renforce et maintient le pouvoir patriarcal et présente une vision dégradante de la femme. Le second répond à ce premier groupe en s’opposant à la censure et en favorisant la production de matériel pornographique alternatif, afin d'élargir les discours présentés sur la sexualité. En empruntant le modèle d’analyse de Michel Foucault, je souhaite étudier ces formes de pornographies alternatives en tant qu’institutions productrices de savoir, pour déterminer dans quelle mesure elles favorisent une libération sexuelle ou non.
1. Le féminisme anti-pornographie
Le mouvement féministe contre la pornographie estime que la pornographie est néfaste car elle oppresse les femmes. Ainsi, ces féministes considèrent que la pornographie crée une représentation infériorisant les femmes, dans un rapport où elles sont assujetties, voire violentées: « The insult pornography offers, invariably, to sex is accomplished in the active subordination of women: the creation of a sexual dynamic in which the putting-down of women, the suppression of women, and ultimatly the brutalization of women, is what sex is taken to be.[1] » Dans cette optique qui emprunte au modèle marxiste l'opposition entre les