Depuis que Jack Kerouac eut évoqué pour la première fois la Beat Generation, le terme a été universellement accepté par les critiques comme étant le plus adéquat pour décrire une rébellion sociale et littéraire d’importance en Amérique, un mouvement représenté par un petit groupe de poètes et romanciers authentiques et doués, ainsi que par un nombre bien plus grand de jeunes gens oisifs. Il est cependant nécessaire de comprendre avec plus de précision ce que Kerouac voulait dire en parlant de « Beat », car l’expression, laconique comme tout slogan, n’est pas en elle-même suffisamment explicite. On a souvent affirmé que le mot « Beat » signifiait déprimé ou dégoûté. Mais Jack Kerouac réfutait pareille définition et affirmait que « Beat » évoquait le rythme de jazz, et était une autre façon de dire « Béatitude ». De plus Allen Ginsberg, dans une formule frappante a décrit les Beatmen comme étant des « hipsters à têtes d’anges ». Il a donc insisté sur les deux aspects qui caractérisaient la nouvelle génération : la révolte et l’attitude religieuse. Car « l’hipsterisme » faisait originellement référence aux efforts de certains noirs pour atteindre le détachement absolu, pour rester « cool » et échapper au rôle que la société américaine voulait leur faire jouer. « L’hipsterisme » est donc devenu le symbole de la révolte contre la société en général et a représenté un mouvement artistique important qui s’exprimait dans le « cool jazz ». Beatdom et Hipsterism, quête spirituelle et révolte, étaient donc les mots clés du vocabulaire de la nouvelle génération. La Beat Generation est née dans les années 50 et a succédé à la Grande Génération des années 20, dont faisaient partie des écrivains tous très brillants mais si différents les uns des autres, comme Hemingway, Dos Passos, Faulkner, Steinbeck ou Fitzgerald. A l’instar de ceux que Gertrude Stein a décrit comme étant « une génération perdue », la Beat Generation était issue d’une guerre mondiale et représentait une