Le projet de thèse présenté ici cherche à apporter un regard sociologique sur la conduite de projets de développement : Comment décrire et comprendre les relations multiples qui existent entre les institutions de développement (publiques et privées) et les populations locales - ou « bénéficiaires » dans le langage des projets - auxquelles elles s’adressent ?
Notre approche se situe au niveau micro, c’est-à-dire au niveau local de la mise en œuvre d’un projet de développement. Sur le terrain techniciens de développement et bénéficiaires sont aujourd’hui prises entre deux logiques de changement : c’est d’une part la mise en œuvre de politiques de décentralisation par l’Etat qui se réalise à travers le transfert de responsabilités administratives vers des collectivités locales et d’autres part c’est l’application d’une méthodologie de projets plus participative prescrites par les bailleurs de fonds internationaux.
Ces deux logiques censées être complémentaires, car visant l’autonomisation et la responsabilisation des individus et structures locaux, s’avère parfois plutôt contradictoire dans la réalité.
Notre hypothèse consiste à dire que la difficulté de la « réussite » d’un projet de développement dépend de la construction locale d’une stratégie de changement pas seulement pour mais avec l’ensemble des acteurs impliqués. Ainsi notre étude cherchera à montrer que la collectivité locale n’est pas seulement un niveau d’application mais surtout un niveau stratégique pour la conception de projets de développement.
Les politiques de décentralisation dans les pays en développement
Les grandes agences internationales de développement ont renforcé ces dernières années leurs efforts en vue d’appuyer dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine la décentralisation et la mise sur pied de structures administratives autonomes et démocratiques. Parfois elles en ont fait aussi un critère de la coopération au développement, c’est-à-dire de l’appui financier des