globalia
Je sais bien que quand on rencontre un puni, il faut aussi avoir en tête ses victimes et qu’il n’y a rien d’aussi dangereux et d’inhumain que de le déresponsabiliser et même (oserais-je ?) de le déculpabiliser.
Cependant je veux vous faire part de mes révoltes. Tout d’abord, j’ai appris à reconnaître la vérité de la boutade - que je racontais souvent aux détenus qui se disaient innocents -
« Mais c’est évident que tu es innocent. Si tu es ici, c’est que tu n’as tué qu’une personne…
Si tu en avais tué 10 tu serais interné et 100 tu serais décoré. Et c’est que tu as volé moins d’un million, parce que si tu en avais volé 100 tu serais à l’étranger et 1.000 tu serais ministre. »
C’est fou comme le monde de la prison, à part un pourcentage infime de grands bandits, est composé de minables, illettrés, sans études, sans métiers, sans papiers, etc. Il y a en prison bien plus de SMEX (sans moyens d’existences) que de diplômés A1 ou même A2… et cela sans parler des prisons spéciales pour les étrangers qui désirent prendre racine chez nous.
J’ai rencontré, pour de très brefs séjours, des gens qui avaient volé des milliards, vite libérés puisqu’ils étaient pris pour la première fois, tandis que j’ai vu des jeunes de 20 ans faire deux ans de prison pour avoir volé une paire de chaussures ou une radio dans une voiture… mais ils étaient récidivistes… et je ne vous parle pas de la double peine pour des étrangers, nés chez nous, et que l’on renvoyait dans un chez eux imaginaire.
J’ai vu un recteur d’université, assassin de sa femme et incendiaire, accueilli avec honneur dans une cellule et pour très peu de temps, tandis que j’ai vu condamner à 12 années de prison une femme qui avait assassiné son légionnaire de mari, qui la torturait et torturait leurs gosses malgré qu’elle avait de nombreuses fois demandé l’aide de la police et de
la justice… mais elle habitait rue Haute.
Henri Solé.