Greve de carmaux
Une date dans le mouvement ouvrier
Carmaux reste, dans les mémoires françaises, un haut lieu de combat. Ce petit bassin houiller, accroché aux flancs du Massif central, a vu s'affronter, entre 1850 et 1914, la Société anonyme des mines de Carmaux (S.M.C. - appartenant au baron Reille, l’homme fort de la droite tarnaise, et à son gendre le marquis Ludovic de Solages, député de la circonscription) et ses ouvriers ; cette âpre lutte de classes culmine en 1892.
En février de cette année-là, la Chambre syndicale présente à la Compagnie une demande d'augmentation des salaires, qui est rejetée. Le 7 mars, la grève éclate. Une réunion d'arbitrage, présidée par le préfet du Tarn, n'amène aucun résultat. On recourt à un médiateur, M. Aguillon, ingénieur en chef des Mines à Paris, qui se montre favorable aux ouvriers : le salaire journalier est majoré d'environ 50 centimes, et, le 21 mars, le travail reprend.
En mai, les élections municipales voient le succès d'une liste associant mineurs et verriers. Le nouveau maire de Carmaux est J.-B. Calvignac, ouvrier de la mine et secrétaire de la Chambre syndicale. La Compagnie est mécontente, et son directeur, M. Humblot, demande à Calvignac de choisir entre ses fonctions de maire et son emploi dans la Compagnie. Calvignac refuse et il est licencié le 2 août. Une délégation vient protester auprès de la direction, escortée d'une foule de travailleurs. Voyant sa maison envahie, Humblot doit démissionner pour ramener le calme. Cependant, la Compagnie refuse de réintégrer Calvignac.
Le 16 août, la grève reprend ; elle va durer trois mois et demi et retentira dans toute la France. Des souscriptions sont ouvertes un peu partout. Des aides financières parfois considérables affluent, même de l'étranger. Ainsi soutenus, les mineurs tiennent bon. Ils se réunissent régulièrement à la Chambre syndicale. Le gouvernement hésite à faire appel