Guerre de cuba

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Silvio Berlusconi représente un phénomène original, et même un cas unique, puisqu'il est le seul chef d'entreprise du secteur des médias qui ait accédé, à deux reprises, aux fonctions de Premier ministre dans une grande démocratie. Les raisons de son double succès tiennent, pour beaucoup d'observateurs, au fait qu'il possédait trois grands réseaux nationaux de télévision qui, en informant les électeurs, auraient influencé, voire «déterminé», leurs choix électoraux. La plupart des commentaires venus des dirigeants politiques ou des «politologues» ont fonctionné sur ce registre. En 1994, Laurent Fabius qualifia le phénomène de «télé-populisme», L'Événement du Jeudi fit sa couverture sur le «télé- fascisme» et le Wall Street journal évoqua pour sa part, la «tycooncracy»1
. Dès l'entrée de Berlusconi en politique, Vincenzo Vita, responsable du secteur communication au Parti des démocrates de gauche, mit en garde contre les dangers du « péronisme électronique ». Le phénomène Berlusconi était si dérangeant par rapport aux rationalités traditionnelles du politique en Europe qu'il fallait de toute urgence le classer dans une formule boîte, comme pour mieux le conjurer en tant qu'«accident». Le télé-populisme fit l'affaire. Or Berlusconi est devenu aujourd'hui un phénomène politique durable. Les interprétations de sa seconde victoire de 2001 ont ajouté le qualificatif de «populisme de droite» à la thèse de la vidéocratie. Ce faisant, le phénomène Berlusconi a été plus souvent diabolisé qu'interprété. Umberto
Eco a justement souligné l'insuffisance d'analyse du «cas italien» trop vite réduit à un nouveau césarisme
(voir Bocea, 2002), sinon même à un «populisme médiatique» (Candiard, 2003, p. 43).
La notion de populisme, au contenu flou, vise en fait à disqualifier a priori le personnage politique et à invalider sa démarche, tout en limitant le travail d'interprétation. Quelle est la portée de cette étiquette «populiste»? S'agit-il de

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