«Guerre à la guerre»

I. Se battre pour la paix

1. Guerre à certaines guerres

La formule de «guerre à la guerre» a été popularisée par Barbusse, mais on pourrait aussi l’appliquer aux deux autres auteurs du programme au prix d’une modification: Clausewitz et Eschyle ne font pas la guerre à la guerre en général, mais bien la guerre à certaines guerres, notamment celles qui sont les plus désastreuses pour le corps social et les plus coûteuses en vies humaines. Ainsi, Clausewitz propose dans son traité d’éviter un certain type de guerres, celles qui n’ont pas de buts politiques, et de n’utiliser la violence que lorsqu’elle a un but politique avéré. Eschyle fait une distinction entre deux types de guerre: d’un côté, la guerre des Perses, expansionniste, tyrannique et sans aucun respect pour les lois des soldats, des hommes et des dieux; de l’autre, la guerre menée par Athènes, combat d’hommes libres pour leurs droits et leur modèle de civilisation. La bataille de Salamine marque l’opposition entre ces deux formes de guerre, et le triomphe légitime de la seconde

2. La guerre, une expérience-limite
Contre Clausewitz qui veut faire de la guerre un phénomène parfaitement acceptable et légitime dans la vie des nations, Barbusse souligne que la guerre est une expérience-limite, dont la violence est particulièrement néfaste et qu’il faut éviter à tout prix. Il nie le fait que la guerre puisse avoir un butpolitique en discréditant le discours des dirigeants (ainsi de Millerand, brocardé dès le second chapitre: «Eh bien, en 1914, t’entends bien? Millerand, le ministre de la Guerre, a dit aux députés: “Il n’y a pas d’embusqués.” — Millerand, grogna Volpatte, mon vieux, je l’connais pas, c’t’homme-là, mais, s’il a dit ça, c’est vraiment un salaud!»). D’autre part, Barbusse montre toute l’absurdité de ce conflit, où la mort est tellement présente qu’on en est réduit à tirer sur des cadavres: «Les balles qui écorchaient la terre par raies droites en soulevant de