Guy demerson et gargantua de rabelais
Gargantua est sans doute le texte narratif le plus célèbre de la Renaissance française, et certainement celui qui a le plus donné lieu à la prolifération d’œuvres tentant d’interpréter ce roman rabelaisien. D’une structure comparable à celle de Pantagruel, mais d’une écriture plus complexe, il conte les années d’apprentissage et les exploits guerriers du géant Gargantua, de façon satirique, parodique mais plaisante. Considéré également comme un plaidoyer en faveur d’une culture humaniste et contre les lourdeurs d’un enseignement sorbonnard figé, Gargantua est aussi un roman plein de verve, d’une grande richesse lexicale, et d’une écriture souvent crue, volontairement scatologique. Etant en proie à la censure de la Sorbonne (le Pantagruel est condamné par la Sorbonne en 1534) Rabelais a publié Gargantua sous le même pseudonyme que Pantagruel, Alcofrybas Nasier, anagramme de François Rabelais. Mais, comme nous le fait remarquer Guy Demerson dans son Rabelais, « l’explication de la stratégie rabelaisienne de la dissimulation ne doit pas être recherchée d’abord dans une tactique du camouflage prudent ; elle n’est pas celle d’un dissident faisant paraître clandestinement des écrits subversifs ». En effet, il s’agirait bien plutôt pour lui de « cet hésychisme brillamment étudié