Hesbeen
Walter Hesbeen
es travaux de Jean Watson, infirmière et professeur à l’Université du Colorado aux États-Unis, sont souvent cités en référence dans le milieu infirmier. Tout récemment, une traduction française de son ouvrage Nursing. The philosophy and science of caringi vient d’être publiée sous la direction de Josiane Bonnetii. Il m’arrive fréquemment d’être confronté à des questions relatives au caring : est-ce une nouvelle théorie ? comment la mettre en pratique dans le contexte européen ? quels liens y a-t-il entre mes travaux sur le « prendre soiniii » et ceux de Watson ? Si le caring et le « prendre soin » me semblent effectivement très proches et s’inscrivent indubitablement dans une tonalité soignante par essence humaniste, ces deux approches ne peuvent néanmoins être confondues même si elles présentent un certain nombre de similitudes. La question des rapports entre ces deux regards sur la pratique soignante me semblait dès lors devoir être posée. Aussi vais-je structurer le présent article autour de trois grandes questions : – Qu’est-ce que le caring ? – Qu’est-ce que « prendre soin » ? – Quels sont les points de rencontre et les risques de confusion ?
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Le caring
Il n’est pas aisé de définir le caring car la langue française semblerait manquer de mots pour nous proposer une traduction pertinente. Le philosophe Milton Mayeroff, cité dans la préface de la traduction française de Watson, nous propose une définition qui m’apparaît à la fois explicite mais aussi accessible à chaque groupe professionnel, voire
Revue Perspective soignante, Ed. Seli Arslan, Paris 1999, n°4
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Walter Hesbeen
plus simplement à chaque humain. Dans son ouvrage On caring, Mayeroff définit le caring comme : « l’activité d’aider une autre personne à croître et à s’actualiser, un processus, une manière d’entrer en relation avec l’autre qui favorise son développement.iv » L’approche philosophique situe ainsi le caring comme un acte