Explication : La Seconde Considération Intempestive de Nietzsche, publiée en 1872, a pour sous-titre » de l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la vie » et pose la question de la valeur de la culture historique des sociétés modernes. Nietzsche se demande en effet si l’oubli n’est pas nécessaire au bonheur, à l’action, et si, l’homme ne peut être victime d’un excès de mémoire: » trop d’histoire tue l’homme » nous dit-il dans ce livre; cette thèse est discutable, il faut l’examiner. Dans cet extrait ici proposé, l’auteur ne dit pas qu’il ne faut pas étudier le passé, mais il cherche à montrer qu’un excès de mémoire nuit à l’être vivant: il y a pour tout homme (ou pour toute société, pour toute civilisation) un besoin d’histoire (pour se référer à la grandeur du passé, pour s’en inspirer, on peut trouver dans les traditions une certaine utilité … ect), mais il s’agit aussi de penser les limites de cette utilité et de trouver le juste rapport au passé: entre d’un côté un manque de mémoire (amnésie et refoulement de certaines périodes de l’histoire, survalorisation du présent ou du futur), et de l’autre une exacerbation de la mémoire, une vénération du passé (nostalgie trop forte) il doit y avoir un équilibre : » quant à savoir jusqu’à quel point la vie a besoin des services de l’histoire, c’est là une des questions les plus graves concernant la santé d’un peuple ou d’un individu car trop d’histoire fait dégénérer la vie » dit Nietzsche aussi dans le même ouvrage. La vie ici est prise au sens de puissance créatrice, de force vitale, de capacité d’action. On peut supposer alors qu’un excès d’histoire nous accable au lieu de nous stimuler : l’homme a besoin du passé mais pour le dépasser, pour le digérer, pour construire un présent dans sa nouveauté et se projeter vers l’avenir, non pour en rester dépendant. Nietzsche va alors chercher à dénoncer les sociétés modernes qui sont » rongées de fièvre historienne » car pour lui il existe une maladie