Hihi
La langue désigne par le terme d’inconscient, dans l’usage ordinaire du mot, un homme qui ne sait pas ce qu’il fait. Cette désignation n’enferme aucune condamnation, aucun jugement moral. En revanche, lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il n’a pas de conscience, on veut dire qu’il n’a pas de scrupule : il sait bien que ce qu’il fait est contraire à son devoir, mais il ne s’en soucie guère. Mais cette expression laisse entendre qu’on pourrait s’affranchir de toute conscience morale, comme si la conscience était en nous quelque chose d’ajouté, quelque chose d’accessoire, bref, quelque chose dont on pourrait se passer. A cela, Kant oppose que la conscience fait intégralement partie de l’être même de chaque homme, qu’elle lui est inhérente et que, par conséquent, nul ne peut échapper à sa conscience même si, de temps en temps, il peut croire qu’il y échappe. Telle est l’idée principale de ce texte.
Kant commence par affirmer que la conscience est présente en tout homme, et par décrire de quelle façon se manifeste à chacun cette présence. Ceci constitue la première étape de l’argumentation, qui conduit, dans un deuxième temps, à conclure que l’on ne peut y échapper qu’en échappant à soi. La troisième partie du texte, en répondant à une objection implicite, démontre ce qui n’est dans un premier temps qu’affirmé, en distinguant le plan du comportement, où l’homme peut en effet ne pas suivre la voix intérieure qui lui dit quel est son devoir, et le plan de la conscience, où nul ne peut éviter d’entendre cette voix, même s’il ne l’écoute pas.
La première partie du texte décrit la conscience comme un juge intérieur. Avoir une conscience, c’est en effet se juger soi-même. Mais cette partie de nous qui nous juge, bien qu’elle soit en nous, n’est pas issue de nous : ce n’est pas quelque chose que nous nous inventons nous-mêmes, selon des critères propres à nous seulement. Tel est le paradoxe de la