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Ainsi s’exprime Bernard-Marie Koltès à propos de sa pièce ‘’Combat de Nègre et de Chiens’’ sortie en 1983.
Et pourtant, trois cent ans plus tôt, ce même sujet d’incompréhension est appliqué par Jean Racine dans ‘’Bérénice‘’ C’est en 1670, quand le jeune Louis XIV se sépare de Marie Mancini pour raison d’Etat, que le metteur en scène, élevé à Port-Royal, revient aux règles fondatrices de la tragédie grecque. Le sujet en est bien simple : Titus, devenu empereur de Rome se sépare de Bérénice, malgré lui, malgré elle. Ce sont ces 4 derniers mots qui traduisent toute la tragédie de la pièce. ‘’Bérénice’’, c’est un amour profond, arraché par une loi irréversible et inchangeable : celle de Rome, qui empêche Titus d’épouser Bérénice. La mort n’est pas présente. Seulement la lourde et éternelle solitude de deux amants divisés. La séparation de Titus, Bérénice et Antochius, c’est la mort lente, seule, remplie de remords et de regrets. La peine est bien pire qu’un noble assassinat ou suicide.
Mais en quoi la parole jouent-elle un rôle d’isolement sur cette scène quand celle-ci, au contraire, est vue comme le moyen universel de communiquer ? Parler est-ce communiquer ? Si ce n’est la parole qui domine le partage des idées, sont-ce donc les gestes qui permettent de communiquer les actions et pensées des personnages? Dans quelle mesure la parole s’applique à ‘’Bérénice’’ ?
La réponse à cette dernière question est bien ambiguë. D’une part, le langage dans la scène peut être vu comme la principale cause de l’éloignement et l’enfermement des personnages. De l’autre, le langage peut être vu plus simplement comme le moyen qui permet d’illustrer le véritable sujet de la pièce, l’enfermement et la difficulté d’affronter la réalité face à un amour impossible : l’amour de Bérénice et Titus rendu impossible à cause des lois