Hist
Henri Barbusse, Le Feu, 1916
INTRODUCTION
Le Feu de Henri Barbusse (1873-1935), publié dès 1916, est le reflet de l’hécatombe du conflit qui a engagé un grand nombre de nations entre 1914 et 1918 et que l’on a nommé la Première Guerre Mondiale après 1945. Ce roman autobiographique, qui reçu en hommage le prix Goncourt, relate la vie des Poilus dans les tranchées de Soisson, de l’Argonne et de l’Artois et illustre l’absurdité intrinsèque de toute guerre. Ainsi, à première vue, il semble que Le Feu s’inscrit dans un idéal de paix alors même que le conflit fait rage, ce qui atteste de l’audace de son auteur, écrivain combattant. Cependant, Luc Rasson, dans son livre Ecrire contre la guerre: littérature et pacifisme publié en 1997, estime que «Le Feu ne pouvait que s’inscrire dans ce que Barbusse lui-même appelait la «bataille des idées», mais pas forcément de façon univoque» et que «la lecture pacifiste «du Feu n’exclut pas l’interprétation patriotique». Les termes utilisés révèlent une contradiction: en effet, le «pacifisme» est une idéologie qui prône la paix entre les états tandis que le «patriotisme» est un sentiment qui lie l’individu à la communauté dans laquelle il est né et a été élevé et pour laquelle il montre un dévouement extrême, ce qui se traduit en temps de guerre par un dévouement militaire. Ici, il s’agit plutôt du caractère sentimental du patriotisme.
Nous allons nous interroger sur l’importance de la lutte contre la guerre qui divise les Hommes ainsi que sur la place accordée au rassemblement et au triomphe de la vérité dans ce roman de guerre.
Nous étudierons successivement l’esprit pacifiste dominant, la mise en abyme du patriotisme au sein du roman et celle qui dépasse le contenu du roman pour s’inscrire dans une contre-propagande.
1ERE PARTIE : UN ESPRIT PACIFISTE QUI DOMINE
Barbusse a certainement mûrement réfléchi au titre qu’il allait donner à son roman de guerre. Son choix s’est porté sur un titre bref mais