Histoire de guerlain
En 1828, lorsque Pierre-François-Pascal Guerlain ouvrit sa première boutique, rue de Rivoli, dans le Paris de Charles X, songeaitil à cette maxime ? C’est peu probable. Jeune provincial venu tenter sa chance à Paris, après avoir obtenu ses diplômes de médecin chimiste en Angleterre où il a appris, entre autres, la manière de fabriquer les savons, il ne manque ni d’audace ni de ténacité et, par-dessus tout, possède le goût de la qualité. Plus tard, il dira à ses collaborateurs : « Faites de bons produits, ne cédez jamais sur la qualité. Pour le reste, ayez des idées simples et appliquez-les scrupuleusement. » Déjà, en ouvrant cette première boutique au rezdechaussée de l’hôtel Meurice, à l’emplacement même de l’actuelle salle à manger, Pierre-François-Pascal démontre son sens du prestige. Pour travailler dans la sérénité, il fait édifier sa savonnerie dans un quartier alors réputé pour son calme, presque à la campagne : place de l’Étoile ! Paris vit alors au rythme des valses et du romantisme. Victor Hugo est au sommet de son art, Alfred de Musset s’achemine à grands pas vers la célébrité. En 1830, le roi Louis-Philippe succède à Charles X, avant d’être lui-même remplacé, en 1848, par Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III. Peut-on imaginer plus belle époque pour s’installer parfumeur ? Paris sent alors le goudron dont on commence à enduire les rues envahies par les fastueux équipages d’où descendaient les robes à crinoline et les sveltes silhouettes des dandys. De la marquise de Girardin à lord Seymour, une clientèle des plus célèbres fréquente déjà Guerlain.
Pierre-François-Pascal, alliant de solides connaissances pharmaceutiques aux nostalgies de sa Picardie natale, où sa famille exerçait le métier de potier d’étain, apprivoise de magiques effluves dans son laboratoire. Il choisit sa raison sociale : « parfumeur vinaigrier » (les vinaigres de toilette sont encore très prisés). Ses savons « Sapoceti », confectionnés à partir du blanc