histoire de l'action française
Marie Lan Nguyen (ENS)
2004
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Les débuts (1899–1918)
L’Affaire Dreyfus aux origines de l’Action française
Charles Maurras
Charles Maurras naît en 1868 à Martigues d’un père percepteur des impôts, libéral et romantique, et d’une mère dévote et royaliste.
À l’issue de ses études secondaires, il monte à Paris et devient journaliste, travaillant d’abord à La Cocarde (boulangiste) puis à la Gazette de France et au Soleil, journaux royalistes. Grand admirateur de la Grèce, ses préoccupations sont alors essentiellement littéraires.
Il s’engage dans l’action politique à l’occasion de l’affaire Dreyfus.
Convaincu d’abord de la culpabilité de Dreyfus, il admet ensuite ensuite le doute. Mais pour lui, même la souffrance d’un innocent doit s’effacer devant la stabilité de l’armée et de la France, mise en péril par l’affaire.
Dans cet esprit, il lance en 1898 dans la Gazette de France l’idée du « faux patriotique Henry ». C’est son grand mot d’ordre, « le Politique d’abord ».
Le but de Maurras est d’ériger un système positif et machiavélien, partant du « postulat nationaliste », contre la décadence ayant suivi la défaite de 1870, et plus avant encore la Révolution française, mère d’une société corrompue où manque le principe unitaire monarchique.
Pour Maurras, quatre « états confédérés » composent l’Anti-France et ont donné lieu à la démocratie parlementaire : ce sont les Juifs, les francs-maçons, les protestants et les métèques (étrangers), qui tous font passer leurs solidarités propres avant la Nation. La xénophobie et l’antisémitisme, dans sa doctrine, ne sont pas une haine aveugle et
irraisonnée comme c’est le cas par exemple pour un Drumont : Juifs comme étrangers peuvent être assimilés. Les catholiques, dont la loyauté à Rome concurrence celle à la France, devraient logiquement partager le même opprobre maurrassien, mais Maurras (lui-même agnostique) les place à part. Pour lui, le