Histoire des arts
DESCRIPTION
- Le tableau « La rue de Prague » d'Otto Dix, peint en 1920, représente une grande rue de la ville allemande de
Dresde.
- La toile représente principalement deux mutilés de la guerre de 14-18. L'un d'entre eux est vêtu de guenilles et mendie, avec une expression de grande détresse sur son visage ; l'autre, un « homme-tronc » circule dans la rue sur un petit chariot. Une petite fille pauvre, peut-être une orpheline, dessine à la craie sur un mur. Sont aussi représentés des chiens et des passants, dont on n'aperçoit qu'un bras ou une jambe, ce qui crée une impression de mouvement et montre que la rue est animée.
INTERPRETATION
- La guerre, dont l'atrocité fascinait Otto Dix, est évoquée par les corps démembrés des deux « gueules cassées ». La vitrine de prothèses rappelle aussi les mutilations des soldats morts ou blessés. La jambe de la femme, les bras des passants évoquent aussi les membres du corps que les mutilés ont perdus.
- La pauvreté en Allemagne après la guerre est évoquée par la misère du mendiant : appauvrie par la guerre, contrainte par le traité de Versailles de verser des «réparations » à la France, l'Allemagne n'a pas d'argent pour verser des pensions aux invalides de guerre incapables de travailler. La petite fille n'a pas de chaussures, sa pauvreté et sa solitude nous font penser qu'elle est peut-être orpheline.
- Le climat social et politique en Allemagne : même si une main donne quelque chose au mendiant, la circulation rapide dans la rue évoque l'indifférence à la souffrance et l'absence de solidarité. Le tract « juden raus! » (« Les Juifs dehors ») montre la montée de l'antisémitisme en Allemagne, dont une partie de la population cherche un responsable, un « bouc émissaire » à la misère. Le mutilé en chariot affiche un visage haineux et
« revenchard »...
Dans l'entre-deux-guerres, Hitler et le parti nazi se nourriront des difficultés économiques, de l'antisémitisme et