Histoire des institutions publiques
Introduction
La déliquescence de l’autorité publique entre le ve siècle et la fin du xie siècle
On assiste, au cours de cette période, à une quasi-disparition du modèle politique et administratif romain qui s’était imposé en Gaule, comme dans le reste de l’Empire. Le système de l’État romain est considéré, tout au long du Moyen-Âge, comme la référence suprême par les juristes médiévaux. Ceux qui détiennent le monopole de la culture et du savoir (au début du Moyen-Âge, dit « Haut Moyen-Âge ») sont des gens d’Église, nommés clercs, vont faire des efforts incessants, le plus souvent en pure perte pour réintroduire ce modèle dans les institutions publiques.
Pour les penseurs romains, notamment Cicéron, l’État est une entité abstraite qui se différencie nettement de la personne du gouvernant. Plus précisément, l’État est désigné depuis le vie siècle avant J.-C., époque de l’apparition du régime républicain, comme la Res Publica : la chose publique, ou la chose du populus, le peuple constitué de l’ensemble des citoyens de Rome. Ces citoyens détiennent seuls le pouvoir de décider en commun des affaires de la collectivité, qu’elles soient politiques, religieuses ou militaires. Sous l’Empire, régime succédant à la République romaine (cinq siècles) à la fin du ier siècle avant J.-C., l’Empereur administre la Res Publica. Selon la formule des juristes, l’Empereur est titulaire d’une charge publique, d’une fonction officielle qui consiste à gérer la chose publique dans l’intérêt commun. L’Empereur n’est que le dépositaire de la Res Publica, au nom des citoyens. Pour les Empereurs, le pouvoir n’est pas une fin en soit : il doit être exercer pour satisfaire l’intérêt commun, uniquement celui de l’ensemble des citoyens romains. Autre conséquence de la conception romaine, le dirigeant n’est pas propriétaire de la Res Publica, et ne dispose pas à son gré, de ce fait, ni du trésor public, ni du domaine public. En