Histoire du droit
L’Ancien Régime désigne la société du XVIème au XVIIIème siècle. L’expression en elle-même pour la première fois par le révolutionnaire Mirabeau. Elle désigne la condamnation globale de l’ordre antérieur et consacre la rupture révolutionnaire. Cette notion va être vulgarisée par Alexis de Tocqueville au XIXème siècle qui, en 1856 dans son ouvrage L’Ancien Régime et la révolution. L’intérêt principal de cet ouvrage est qu’il met en exergue un lien de continuité ; la Révolution est selon lui l’aboutissement d’un long cheminement et non pas de la rupture. Bien que la Révolution s’inscrive dans la rupture et tente de modifier radicalement tous les domaines de la société, elle se nourrit de toutes les expériences du passé. En effet, le passé et notamment le passé monarchique révèle la construction de la réalité étatique et notamment par le biais du principe d’unité. C’est principalement ici que réside la continuité.
Comment concilier l’idée d’un Etat unitaire contenu dans la nature du pouvoir royal et une réalité pluraliste particulariste contenue dans la notion de privilège ?
I. Les fondements contradictoires de la société de l’Ancien Régime
§1. Le concept de souveraineté, fondement de l’unité du pouvoir
L’observation de plusieurs siècles de pouvoir monarchique a conduit à un double constat : la royauté nourrit l’objectif de vouloir consacrer son indépendance et sa supériorité par rapport aux seigneurs locaux. Le second constat réside dans le fait que cette royauté poursuit le but d’affirmer son indépendance et sa supériorité à l’égard du Pape. Pour couronner ces deux objectifs fondamentaux, il s’avère nécessaire pour le Roi de repenser le pouvoir royal avec un roi qui de suzerain deviendrait souverain.
Dans Les Six livres de la République, Jean Bodin précise que la souveraineté est indivisible, perpétuelle et absolue avec l’idée que le souverain est dégagé de tout lien contractuel.