Histoire moderne
L'organisation sociale de l'Ancien Régime en trois ordres
L'élément constitutif de l'Époque moderne (spécialement en Europe, premier moteur des changements) est son caractère transformateur, certes lent et rempli de doutes, mais décisif, des structures économiques, sociales, politiques et idéologiques du Moyen Âge. Au contraire de ce qui arrivera lors des changements révolutionnaires propres à l'Époque contemporaine, l'Époque moderne est marquée par l'inertie du passé et la lenteur du rythme des changements. Il n'y a donc pas eu de passage brusque du Moyen Âge à l'Époque moderne, mais une transition. Les principaux phénomènes historiques associés à la modernité (le capitalisme, l'humanisme, les États-Nations, etc.) ont été préparés depuis longtemps, bien qu'ils se soient tous manifestés à la charnière entre le XVe et le XVIe siècle, créant une nouvelle étape historique. Ces changements se produisent simultanément dans plusieurs secteurs distincts qui s'alimentent ensuite mutuellement : dans l'économie, avec le développement du capitalisme; dans la politique avec l'émergence des États-Nations et des premiers empires coloniaux; dans la guerre avec les changements de stratégie militaire découlant de l'usage de la poudre; dans les arts avec la Renaissance; dans la religion avec la Réforme; dans la philosophie avec l'humanisme et l'apparition d'une philosophie séculaire qui se distingue de la scolastique médiévale et qui propose une nouvelle vision de l'Homme et de la société; dans les sciences, avec l'abandon du magister dixit et le développement des investigations empiriques, qui finiront par rejoindre les technologies de la Révolution industrielle. Déjà avant le XVIIe siècle, ces forces avaient changé la face de l'Europe, surtout dans sa partie nord-occidentale, même si la relégation des acteurs sociaux traditionnels du Moyen Âge (le clergé et la noblesse) au profit des nouveaux protagonistes (l'État moderne