J’étais coursier à New York, à ce que nous appelions «The World Trade Center». Si je devais choisir un mot pour décrire cet endroit, ce serait «la jungle», la course pour vendre, endetter le plus possible de pauvres personnes naïves en leur faisant croire qu’elles vont devenir riches, tout ça pour son propre profit. Un jour, je m’en souviens encore, j’ai vendu à une vieille dame des actions, elle a ensuite tout perdu, elle n’a pas pu payer les soins dont elle avait besoin, elle est morte. Après cet événement, je n’arrivais plus à me regarder en face dans une glace, j’avais honte, je ne pouvais plus continuer. Je partis alors pour San Francisco, bien décidé à quitter cette vie rongée par l’égoïsme. La première chose que j’ai remarquée à mon arrivée là-bas était cette grande tour, si immense qu’on aurait pu croire qu’elle transperçait les nuages. Peut-être cela serait-il possible un jour ? Soudain, j’aperçus au loin une vague silhouette qui descendait le long de la tour à une vitesse folle. Ses formes se dessinèrent progressivement, si bien que je compris qu’il s’agissait d’un homme ! Il tombait, de tellement haut qu’on aurait pu croire qu’il n’atterrirait jamais. Je le suivis des yeux durant un long moment, et, à la fin de sa chute, je m’approchai pour voir le corps. Je fus surpris de ne trouver aucun corps. Je regardai autour de moi, m’adressant aux passants, personne ne semblait avoir remarqué la chute de cet homme, étais-je fou ? Je me mis alors en quête de rentrer dans cette dangereuse tour, de monter à son sommet pour comprendre. Je n’avais encore jamais passé autant de temps dans un ascenseur, finalement je regrettais peut-être au moins une chose de la bourse. Après dix interminables minutes, j’arrivai enfin au sommet. Il était là, planté devant moi à me regarder comme si tout allait bien, il me demandait même si je trouvais mon chemin ! Il était plutôt grand, fin, avec un visage à l’expression dure, malgré un nez aquilin démontrant aussi une