Histoire
Ici l’une des mains tombe de pourriture, Les yeux d’autre côté détournés à l’envers Se distillent en glaire, et les muscles divers Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture :
Le ventre déchiré cornant de puanteur Infecte l’air voisin de mauvaise senteur, Et le nez mi-rongé difforme le visage ;
Puis connaissant l’état de ta fragilité, Fonde en Dieu seulement, estimant vanité Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage.
Jean-Baptiste Chassignet (1570? - 1635?), Le Mépris de la vie et consolation contre la mort.
Jean-Baptiste Chassignet (1570?-1635?) est un Franc-Comtois qui illustre la littérature baroque en France. Redécouvert récemment, cet écrivain, élève des Jésuites, a mené à Dôle des études juridiques puis est devenu avocat fiscal. Il s’est distingué par des travaux d’histoire locale et surtout par les 434 sonnets du Mépris de la vie et consolation contre la mort (1594). Ces pièces sont caractéristiques de la sensibilité de l’époque par leur ferveur mystique mélancolique et leur violent réalisme.
Ce sonnet correspond bien au titre du recueil Le Mépris de la vie et consolation contre la mort dont il est tiré. C’est un poème apologétique qui s’inscrit dans le courant de poésie religieuse de l’époque. Cette poésie religieuse développe un discours militant, et vise à persuader le lecteur de se (re)tourner vers Dieu. Nous pouvons y découvrir une argumentation en forme d’apologue.
En effet ce poème se compose :
D’une invitation à méditer. Le premier mot est important : ce poème est destiné aux mortels que nous sommes. Nous sommes définis comme des êtres mortels. Nous sommes conduits à "penser" (imaginer et réfléchir) à ce que nos yeux ne voient pas ou ne veulent voir : l’intérieur du tombeau.