Histoire
Ce n'est pas un hasard, dit un jour l'historien John Hope Franklin, que Carter Woodson fut en mesure d'accomplir autant. L'Histoire savait ce qu'elle faisait lorsqu'elle conféra à James Henry et Anne Eliza Woodson, deux anciens esclaves, l'honneur de faire venir au monde Carter G. Woodson, le 19 décembre 1875, dix ans tout juste après la fin de la guerre de Sécession, à New Canton (Virginie). Né dans une famille pauvre et opprimée, le futur érudit connut une enfance austère et sans perspective d'avenir. Comme tant de ses contemporains, les portes de l'école lui étaient fermées, en partie parce que les établissements d'enseignement pour les Noirs étaient rares et en partie parce que son père avait besoin d'une paire de bras supplémentaires dans les champs. Mais contrairement à beaucoup de ses camarades, il se créa un sanctuaire inviolable en son for intérieur. Plus encore, à un niveau plus profond, il perçut très jeune, comme le pressentaient d'autres dans des circonstances semblables, tels les pionniers noirs de l'éducation que furent Mary McLeod Bethune et Benjamin Mays, que l'éducation était la clé qui le ferait sortir de sa prison. Très tôt, il résolut de trouver cette clé, coûte que coûte.
L'un des chapitres parmi les plus inspirants et les plus édifiants de l'histoire afro-américaine est celui qui relate la manière dont Carter Woodson, le père de l'histoire afro-américaine, sauva des oubliettes de l'Histoire la chronique de son peuple, répondant sans relâche à l'injonction du devoir de mémoire. Tout squelettiques qu'ils soient, les faits qui éclairent son combat personnel pour faire jaillir la lumière et son parcours qui l'a mené des mines de charbon de la Virginie occidentale au faîte d'une carrière universitaire distinguée en disent long sur l'homme.
À 17 ans, le jeune homme mandaté par l'histoire à révéler celle des Afro-Américains et qui n'avait jamais fréquenté les bancs de l'école peinait dans les