Historiographie du panafricanisme
A Zêrê bo, l’Eclaireur…
“I make no pretense to impartiality. Nevertheless, I have tried to be as objective as possible in presenting the facts” G. Padmore, cité par T. Martin, The Pan-African Connection, p. 157
Cercle herméneutique et objectivité de l’historiographie du panafricanisme L’historiographie du panafricanisme fait partie de celle de l’Afrique; or il a toujours existé, en chacune d’elles, des relations entre les acteurs du mouvement panafricaniste et l’historiographie africaine, en tant que discipline : dès l’origine, les fondateurs du mouvement panafricaniste étaient aussi des historiens, de l’Afrique et, à travers leur témoignages, du panafricanisme lui-même. Pour eux la narration du passé, glorieux, de l’Afrique était un fondement idéologique de la mobilisation pour la protestation collective. C’est une historiographie qui recherche l’objectivité, tout en étant engagée, “vindicative” selon le mot de St Clair Drake2. D’où la remise en cause de son objectivité. C’est un problème propre aux sciences humaines, largement débattu dès la naissance de l’historiographie, avec les apports essentiels du courant phénoménologique (Husserl, Dilthey, Heidegger, Gadamer…), lorsqu’il mit en évidence le cercle herméneutique, caractérisé par l’historicité…de l’historien lui – même, à la fois sujet et objet de l’histoire : il veut objectiver le temps historique qui est inhérent, selon certaines médiations, à sa propre temporalité3. En outre les faits sociaux et historiques font l’objet d’évaluations des acteurs euxmêmes, contrairement aux faits naturels étudiés par les sciences de la nature. Signalons que cette idée d’une historicité foncière de l’existence humaine rejoint l’argumentaire du premier volume de l’Histoire générale de l’Afrique lorsque, au-delà même de l’Egypte antique, l’historicité de l’Afrique est affirmée en invoquant le processus d’hominisation en Afrique. Ceci dit, comme a su le faire