III La double présence du narrateur-personnage

François-René de Chateaubriand évoque certes de nombreux souvenirs avec une précision remarquable mais avec tout de même un léger baume au cœur sur certains événements passés. Il n’oublie également pas de prendre du recul sur son œuvre en racontant les sentiments qu’il ressent face à ce qu’il écrit.

1.. Une question de temps

Chateaubriand est nostalgique face à certains périodes mais est conscient qu’il ne pourra plus y revenir. Par exemple, lorsqu’il embarque à Saint-Malo, il revoit derrière lui la silhouette de la ville et se remémore tout ce qu’il y a vécu comme « [s]on enfance avec Gesril et [s]es camarades de jeux ». Il a de plus la sensation « d’abandonn[er] » sa patrie comme s’il se voyait comme un traître, comme si la France le voyait comme un traître. Il continue en se demandant finalement si c’est la dernière fois qu’il regarde les côtes françaises, « qui périrait de la France ou de [lui] ? »

Mais le temps est abordé autrement dans ses Mémoires d’Outre-tombe. Il se demande par endroit s’il aura le temps de terminer son ouvrage et « dans quel lieu les finir[as-t-il] ? ». L’auteur préfère continuer et tirer profit du peu de temps qu’il lui reste, il veut continuer à « peindre sa jeunesse ». Il est important pour lui de terminer l’immense travail qu’il a commencé lorsqu’il décida de l’écriture de son autobiographie car sinon son nom « serait demeuré ignoré » comme si finalement, à travers ces mémoires, il cherche in explicitement à devenir célèbre, connaître la « gloire » et ne plus être le petit garçon solitaire d’autrefois. Avec tous ces petits fragments de souvenirs, il veut reconstruire un tout et demeurer comme un écrivain connu pour ses œuvres et son travail d’artiste.

2. Le détachement du poète

Quand il raconte ses souvenirs, Chateaubriand le fait aussi avec un certain recul pour exprimer ces sentiments présents comme entre autres à la fin du premier chapitre du livre 1, il termine en