Hypersexualité
Johanne Angeli - Montréal 9 mars 2006 Éducation
La notion d'hypersexualisation des filles n'est pas anodine: elle est chargée d'un certain nombre de présupposés en ce qui concerne la nature des jeunes filles et de leur rapport à la sexualité.
Fondamentalement, derrière l'inquiétude d'une «précocité sexuelle provoquée» (Réseau québécois d'action pour la santé des femmes, RQASF) se trouve manifestement l'idée que, lorsqu'elles ne sont pas manipulées par les messages médiatiques et les stratégies marketing, les adolescentes sont par nature peu ou pas sexuelles. Le fait que les jeunes filles, vers l'âge de 12 ou 14 ans (et souvent plus tôt que les garçons), entament leur période de puberté et connaissent pour certaines des poussées d'hormones qui peuvent les inciter à désirer une sexualité active est occulté dans ce discours.
Pourtant, si je me fie à mes propres souvenirs d'adolescence et aux discussions avec mes amies à cet âge-là, il semblerait qu'une proportion non négligeable d'adolescentes ressentent cette poussée d'hormones et, à défaut de pouvoir vivre une vie sexuelle active parce que c'est socialement condamné à leur âge, cherchent d'elles-mêmes de quoi satisfaire leurs désirs au travers des médias. Bien avant les «ravages» d'Internet, des filles comme des garçons allaient fouiller dans les placards de leurs parents pour y trouver des films pornographiques.
Jamais appliqué aux garçons
L'aspect le plus dérangeant à mes yeux de cette angoisse collective au sujet de l'hypersexualisation concerne les conséquences redoutées de celle-ci sur les vies futures des filles.
Ainsi, le Conseil du statut de la femme relie la banalisation du sexe chez les jeunes filles à des risques de commercialisation. En filigrane, on suggère que toute adolescente qui vit une sexualité jugée trop précoce par les adultes risque de se tourner vers la prostitution, un raisonnement qui n'est jamais appliqué aux