Identités meurtrières
En 1985, après le succès « des Croisades vues par les arabes », Amin Maalouf renonce au journalisme pour se consacrer entièrement à l'écriture. Il est l'auteur de nombreux livres qui ont pour cadre le Moyen Orient, l'Afrique et le monde méditerranéen. Ses romans tentent de jeter un pont entre les mondes orientaux et occidentaux, dont il se réclame simultanément. « Quand on a vécu au Liban, la première religion que l'on a, c'est la religion de la coexistence ». Dans cette optique, il s’interroge dans « les identités meurtrières », sur la construction de l’identité de chaque individu et sur la vocation de cette identité à conduire une personne à la haine de l’autre.
L’auteur se questionne tout au long de cet ouvrage. Pourquoi est-il si difficile d'assumer en toute liberté ses diverses appartenances ? Pourquoi faut-il, en cette fin de siècle, que l'affirmation de soi s'accompagne si souvent de la négation d'autrui ? Nos sociétés seront-elles indéfiniment soumises aux tensions, aux déchaînements de violence, pour la seule raison que les êtres qui s'y côtoient n'ont pas tous la même religion, la même couleur de peau, la même culture d'origine ? Y aurait-il une loi de la nature ou une loi de l'Histoire qui condamne les hommes à s'entretuer au nom de leur identité ? Que signifie le besoin d'appartenance collective, qu'elle soit culturelle, religieuse ou nationale ? Pourquoi ce désir, en soi légitime, conduit-il si souvent à la peur de l'autre et à sa négation ? Nos sociétés