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La linguistique peut-elle définir l’acte de traduction ?
A propos d’une version du quatrième évangile
Celui qui traduit littéralement est un faussaire, celui qui ajoute quelque chose est un blasphémateur.
(Règle des Targoums, citée par H. Cousin dans D. Marguerat, éd., L e Déchirement, Genève, 1996, p.205)
Le paysage traductologique actuel
Si la pratique de la traduction est vieille comme le monde, la réflexion théorique et scientifique sur ses conditions de possibilité, ses techniques, ses buts et ses limites, paraît encore fort récente. La ‘traductologie’ reste en effet une science jeune. Le nom qu’elle porte fait même figure de néologisme qui peine encore à s’imposer en français : créé par Jean-René
Ladmiral, il a été diffusé à partir de la parution de son ouvrage : Traduire : théorèmes pour la traduction1 (1979). La traductologie constitue en tout cas une ‘science’ (Wissenschaft) au sens élargi, désignant « tout savoir organisé et s’obligeant à satisfaire aux exigences d’une méthodologie propre, notamment aux procédures d’un contrôle critique par rationalisation argumentative »2.
Cette discipline est si jeune que la bibliographie générale proposée à la fin de cet article, qui tient presque en deux pages, et dont la plupart des références sont loin de traiter le problème de la traduction dans une perspective strictement linguistique, vise pourtant l’exhaustivité pour tous les titres-clés3. La courte histoire de la ‘traductologie’ commence, en effet, il y a à peine quatre décennies. Restée longtemps l’apanage des littéraires, les linguistes
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pp.107-108, et cf., également, Ladmiral, 1980, pp.11-42, ainsi que dans Ladmiral-Meschonnic, 1981, pp.9-10.
Ladmiral-Meschonnic, 1981, p.9.
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Certes on assiste depuis la naissance de cette discipline à une véritable explosion publicataire. Mais comme l’observait déjà