Incipit leonora miano
Ce n'était pas pour me porter secours qu'ils étaient là. Ils ne venaient jamais en aide à quiconque, se contentant de faire des commentaires en attendant les pompiers, la police, une ambulance, cependant qu'une femme battue ou un accidenté de la route se vidait de son sang.
Ils parlaient de la vilaine blessure, là sur le front. Sûr qu'on ne pourrait pas exposer le corps, lors de la veillée mortuaire. Enfin, ils s'y rendraient quand même. S'il n'y avait pas de corps à voir, s'ils ne pouvaient observer le moindre détail du costume du défunt ou la qualité de son maquillage, il y aurait au moins quelque chose à se mettre sous la dent. Au sens propre : la famille servirait un repas. Au sens figuré : les pleureuses, la chorale, la mine éplorée des proches, tout cela assurerait un spectacle. Et si c'était raté, on y serait allé pour pouvoir répandre la nouvelle dans tout Sombé, qu'untel ne savait pas vivre. Qu'aux funérailles d'un des siens passé dans l'autre monde neuf jours auparavant, il n'y avait eu que de la