Inde travail des enfants
Après avoir implanté des magasins en Russie et en Chine – des marchés prometteurs –, le géant suédois Ikea a fait savoir, en octobre, qu’il n’envisageait pas actuellement d’en ouvrir en Inde « en raison de la réglementation très contraignante pour les entreprises étrangères ». Le groupe se contente d’y faire fabriquer des produits, sans contraintes – et surtout pas celle de syndicats –, chaque salarié étant payé 1,60 euro par jour…
Par Olivier Bailly, Jean-Marc Caudron et Denis Lambert
410 Millions de clients à travers le monde, cent soixante millions de catalogues distribués (devançant ainsi la diffusion de... la Bible) : Ikea, la multinationale du prêt-à-habiter, se porte bien. Et son chiffre d’affaires se maintient dans une impressionnante spirale positive : 3,3 milliards d’euros en 1994, 14,8 milliards d’euros en 2005. Soit une progression de plus de 400 %. Difficile de faire mieux. Aujourd’hui, la société entend conquérir deux territoires qui lui ont jusqu’ici résisté : la Russie et la Chine. Comme il est écrit dans son magazine interne Read Me : « L’objectif est d’améliorer le quotidien du plus grand nombre. Pour y parvenir, les magasins doivent sans cesse vendre plus à davantage de clients (1) »... Pour Ikea, le bonheur du peuple passe par l’achat.
| CA | 1994 | 3,3 mia € | 2005 | 14,8 mia € |
Phénomène exceptionnel pour une multinationale symbolisant à ce point l’uniformisation planétaire et le mercantilisme, Ikea parvient à esquiver les attaques des associations de consommateurs, d’altermondialistes et d’environnementalistes. L’exploit n’est pas mince. Il est vrai que la marque a réussi à nouer des liens particuliers avec ses clients grâce à des prix imbattables, l’aménagement de coins-enfants dans ses magasins, un concept total pour trouver tout de suite de tout (et de préférence ce dont on n’a pas besoin).
Pour illustrer l’union sacrée entre clients et entreprise, les anecdotes ne manquent pas. N’a-t-on