Introduction

Individualisme est un terme à la mode. Il est en quelque sorte à la sociologie, ce que les firmes multinationales ou la mondialisation sont à l’économie, c'est-à-dire un terme fondamental à la discipline mais largement galvaudé par le sens commun et placé comme bouc-émissaire à un certain nombre de maux, au sein d’une trame nostalgique et anxiogène.

Pour le sens commun, non seulement l’individualisme est un phénomène qui a été croissant et exponentiel, mais il vient aujourd’hui mettre en danger l’équilibre sociétal et la cohésion sociale. Le plus souvent, il est péjorativement connoté.

Ceci vient poser la question de sa définition. Sens commun versus sens sociologique. Nécessité d’une déconstruction de l’objet surtout en France : Histoire, construction de l’Etat-nation et des fondements républicains, notamment par les intellectuels se référant à ce modèle politique (Finkelkraut,…). On le traite souvent en terme de « mal », de « danger ».

Définition de l’individualisme est complexe :
_ Égoïsme (sens commun, mais Durkheim en fait presque un synonyme)
_ Philo, sciences sociales. Idéologie des Lumières était individualiste : Libération de l’Homme, détachement à l’égard de ses structures d’appartenance qui l’oppriment et le contraignent. Libre pensée. Individuus = indivisible = unité de base de l’exercice de la raison.
_ Méthodologique (éco, socio, sciences sociales)

Il est donc un terme à la fois polysémique, notamment au fait de son utilisation transdisciplinaire, et péjorativement connoté.
Même chez les sociologues, sa définition est variable :
_ Tocqueville (science politique) insiste sur le développement de l’espace privé et de l’émancipation politique.
_ Durkheim (tradition républicaine, étude du lien social) insiste sur l’extension de l’autonomie individuelle en matière normative et éthique.

Le terme est tellement délicat à manier et chargé de représentations profanes que les chercheurs préfèrent le plus en souvent lui