individualisme
Danièle Peto
Ce texte présente une lecture libre du livre de François de Singly, L’individualisme est un humanisme.
Sans reprendre l’ensemble de son propos, je présente ici les grandes lignes de ce qui permet à l’auteur d’élaborer l’individualisme contemporain comme une base solide et certaine du lien social dans les sociétés modernes avancées.
J’y prolonge sa discussion soit en insistant particulièrement sur certains des points qu’il pose, soit en questionnant partie de son argumentation, à la fois au niveau théorique et au niveau pratique.
Introduction
Quelle que soit la problématique abordée, il semble bien que le terme soit aujourd’hui devenu incontournable. Dans les journaux, dans les revues dites
« féminines », dans les conversations quotidiennes, volées dans le métro ou au café, partout le terme est évoqué pour caractériser la société actuelle, l’esprit du temps : individualisme ! Et cela souvent avec un arrière-goût d'invective plutôt que comme une victoire de l’autonomie et de la réflexivité sur l’hétéronomie et le gouvernement des masses par quelques « happy few ».
Alors c’est quoi l’individualisme ?
Dans Le Malaise de la modernité, Taylor le dit en quelques mots : l’individualisme désigne, dit-il,
« ce que plusieurs considèrent comme la plus belle conquête de la modernité.
Nous vivons dans un monde où les gens peuvent choisir leur mode de vie, agir conformément à leurs convictions, en somme, maîtriser leur existence d’une foule de façons dont nos ancêtres n’avaient aucune idée. Désormais notre système judiciaire protège ces droits. En principe, les personnes ne sont plus sacrifiées sur l’autel de valeurs prétendument sacrées qui les transcendent »1.
1 Ch. Taylor, Le malaise de la modernité, Paris, Cerf, 2008, p. 10.
1
Cette conquête, continue-t-il, c’est la conquête d’une liberté qui s’est dégagée des hiérarchies