Voltaire a écrit le conte « l’Ingénu » en 1767, mais il a transposé cette histoire en 1689. La guerre de 7 ans contre les anglais vient de s’achever en 1756 et la France leur a cédé le Canada. Se pose alors des problèmes de tolérance, notamment au sujet de la religion, les français étaient jésuites et les anglais jansénistes. Voltaire a toujours écrit pour militer contre l’intolérance quelle qu’elle soit. Il a toujours défendu les droits de l’homme et les grandes causes de l’humanité en mettant son écriture au service de ses idées. La légèreté du contre, ici philosophique, permet d’attaquer facilement les travers de l’homme et de toute une société. Ce type de conte permet aussi beaucoup de liberté de narration concernant les diverses péripéties que connaît le personnage principal : l’ingénu. Dès le 1er chapitre, nous découvrons que le personnage s’appelant l’Ingénu est un Huron du Canada qui débarque d’un bateau anglais sur les côtes de Bretagne. C’est l’arrivé du « bon sauvage » dans un univers inconnu ; ce thème récurant au 18ème siècle nous rappelle Rousseau. Voltaire va se servir de ce personnage de l’Ingénu pour faire ressortir les points qu’il n’apprécie pas dans la société et donc de donner une vision critique de cette époque. Dans l’extrait que nous étudierons, nous verrons l’Ingénu confronté aux questions du bailli. Le bailli était le représentant du Roi en province, et Voltaire en fait un personnage stéréotypé, une caricature du notable de province qu’il peut ainsi critiquer à loisir en faisant ressortir ses préjugés et ses prétentions. On peut se demander pourquoi domine dans cet extrait la forme du dialogue. Dans un premier temps, nous verrons s’il s’agit d’un réel dialogue. Dans un second temps, nous verrons pourquoi cette forme de dialogue est utile à Voltaire. La définition du dialogue est une conversation entre deux ou plusieurs personnes. Or, dans cet extrait, on qualifierait plutôt cet échange d’interrogatoire. En