Inscription
A cette symbolique de modernité détournée et pervertie par Zola répond ici une vision toute allégorique du pouvoir, et plus précisément de la fin de l’Empire. Située entre 1869 et 1870, l’intrigue de La Bête humaine transforme la fin du cycle des Rougon-Macquart en chronique d’une mort annoncée : sous la ruée, des hommes, des capitaux et du progrès, se révèle l’instinct de mort qui fait imploser la société. Aussi est-ce à plus d’un titre que l’image finale de La Bête humaine peut être considérée comme l’allégorisation d’une époque et d’un règne finissant (L’Empire) auquel la guerre de 1870 mettra un terme. L’horreur à venir est très largement suggérée par Zola dans cet extrait à travers un imaginaire à tout le moins explicite : "ces wagons à bestiaux emplis de troupiers qui hurlaient des refrains patriotiques.", "elle roulait, elle roulait, chargée de cette chaire à canon, de ces soldats, déjà hébétés de fatigue, et ivres, qui chantaient.". Cette locomotive folle emporte ainsi les soldats vers la guerre qui marquera la fin de l’Empire.
Ces abîmes vers lesquels elle ouvre constituent un véritable leitmotiv de la scène : "il [le train] se replongea dans les ténèbres, où son grondement peu à peu s’éteignit." ; "De nouveau, disparu, il roulait, il roulait, dans la nuit noire, on ne savait où, là-bas.". Il se dégage de là une vision plus que mitigée du progrès et de la technique. Il semblerait en effet que, loin d’éliminer la barbarie, le progrès surenchérisse parfois dans toute sa puissance meurtrière : "Qu’importaient les victimes que la machine écrasait en chemin ! N’allait-elle pas quand même à l’avenir, insoucieuse du sang répandu ?".
Conclusion
Avec cette scène finale, Emile Zola semble orienter le sens du train et de la machine vers une vision nuancée du progrès et de la civilisation. La locomotive est devenue elle-même la bête à laquelle elle semblait jusqu’ici opposer sa modernité. En ce qui concerne la dynamique narrative,