Institutions juridictionnelles
Le XXème siècle a ainsi oscillé entre deux affirmations radicalement opposées s’agissant de l’État : d’un côté, la promesse d’un État total promis par Carl Schmitt que le nazisme incarna dramatiquement ; d’un autre côté, l’espoir d’une société sans État, mieux même d’une société contre l’État selon la formule de l’anthropologue Pierre Clastre. Cette opposition extrême reflète un débat ancien et intense ou les prises de position sont souvent tranchées. Tandis que Hegel l’élève à la dignité suprême puisqu’il est « Le Rationnel en soi et pour soi », Marx ne le conçoit plus que comme « une vieillerie condamnée au dépérissement » et Nietzsche le dépeint comme « le plus froid de tous les monstres froids ». Dans le même esprit, Paul Valéry écrit que « l’État est un être énorme, terrible, débile. Cyclope d’une puissance et d’une maladresse insignes, enfant monstrueux de la force et du droit ». Lourdement contesté, l’État s’est pourtant imposé à la fin du XXème siècle comme une réalité incontournable. Le 20 mai 2002, au cours d’une grande cérémonie incluant tous les grands de ce monde, le Timor oriental accéda au statut d’État devenant ainsi le 192ème État sur la scène internationale. Ce chiffre atteste à lui seul de l’ampleur de ce phénomène. Malgré cette réalité massive, une question demeure : Qu’est-ce que l’État ? En première approche, il est possible de mettre en valeur quelques caractéristiques stables qui permettent de délimiter une sorte de notion minimale d’État : tout d’abord, l’État tend à établir un rapport stable entre les êtres humains et les biens qu’ils possèdent c’est-à-dire qu’il tend à instituer une unité entre les êtres humains, une société ; ensuite, l’État implique une puissance d’ordre c’est-à-dire qu’il institue des rapports de commandement et d’obéissance donc une certaine hiérarchie que reflétera la forme de gouvernement ; enfin, l’État est une totalité exclusive ou si l’on préfère une puissance jalouse de son monopole qui